Pourquoi votre chat est obèse ?

Comme je l’ai expliqué dans mon article précédent, l’obésité est un problème grandissant avec des conséquences sérieuses pour la santé de votre chat. Aujourd’hui environ un chat sur trois est obèse ou en surpoids. Dans cet article, je vais détailler les différentes causes d’obésité ainsi que les facteurs de risque, pour vous aider à mieux comprendre et à prévenir cette maladie.

Les causes de l’obésité

L’obésité est un excès de masse grasse, qui est généralement causé par un apport énergétique supérieur à la dépense énergétique. Ce qui veut dire que votre chat mange plus de calories qu’il n’en brûle tous les jours, et il peut y avoir plusieurs causes à cela. Certains des facteurs de risque dépendent de votre chat et vous ne pouvez pas les modifier.
Néanmoins, être conscient des prédispositions de celui-ci est important pour prévenir la maladie.
Pour d’autres facteurs de risque liés à l’environnement ou au propriétaire, vous pourrez changer votre comportement pour prévenir le surpoids.

Les facteurs de risque individuels

La stérilisation

L’un des facteurs de risque le plus important d’obésité est la stérilisation. En effet, la stérilisation modifie le profil hormonal de votre chat, ce qui cause une augmentation de la prise de nourriture, ce qui veut dire que votre chat mangera plus après la stérilisation.
Pour réduire cet effet de la stérilisation vous pouvez réduire la quantité de nourriture disponible pour votre chat, pour cela demander conseil à votre vétérinaire.
La plupart des études montrent que l'âge auquel le chat est stérilisé n’a aucun impact sur l’obésité. Une seule étude indique que les chats stérilisés après 6 mois étaient plus sujet aux risques.

Le genre

Les mâles ont plus de chance d’être obèses que les femelles. Cela pourrait être dû au fait que les mâles étant plus grands, les propriétaires ont plus de difficulté à évaluer la condition corporelle des chats mâles par rapport aux femelles.

L’âge

Les chats entre 2 et 12 ans sont plus sujet à risque. Cela est probablement dû au fait que les chats de moins de deux ans sont plus actifs et que les chats âgés ont une perte de poids naturelle.

Les races

Plusieurs études sont arrivées à la conclusion que les chats de gouttière avaient plus de chances d’être obèses que les chats de race. Ce qui veut dire que les chats sans pedigree, les chats de gouttière, les chats de type européen et les croisés sont plus à risque.
Une autre étude a montré que les chats achetés chez un éleveur déclaré auprès d’un registre généalogique avaient moins de risque d’obésité. Une explication pour ce phénomène pourrait être que l’éleveur fournit des informations à l’acheteur sur l’alimentation, les soins, la condition corporelle, l’enrichissement de l'environnement et que ces informations joueraient un rôle dans la prévention de l’obésité.
Cependant certaines races comme le British Shorthair, Persan, Maine Coon, Norvégien sont plus à risque que d’autres comme le Cornish et Devon Rex, l’Abyssin, l’Oriental/Siamois et le Sphynx. Néanmoins, il ne semble pas que cela soit pour des raisons génétiques mais plutôt lié à la perception du propriétaire. En effet, les races avec le plus de risque sont celles décrites dans le standard du pedigree comme “massif”, avec une “forte ossature”, “tout en rondeur”, ce qui pourrait influencer les propiétaire à considérer un chat en surpoids comme acceptable. De même les races, les moins à risque sont décrites comme des races légères et élégantes, ce qui influence les propriétaires à garder leurs chats fins.


Les poils longs

Comme il est plus difficile d’évaluer l’état corporelle des chats à poils longs ceux-ci sont plus à risque. En effet la palpation et la visualisation est plus difficile à cause des poils, ce qui fait que les propriétaire de chat à poils longs ont tendance à mal évaluer l’état corporelle de leur chat.


D’autres facteurs de risque anecdotiques

Une étude a signalé que les chats nés pendant la période où les jours s’allongent (janvier à juin) était plus à risque que ceux nés de juillet à décembre.
Une autre étude a signalé que les chats qui avaient une croissance plus rapide entre 3 mois et 12 mois avait plus de risque de surpoids.
Enfin, certaine maladie peuvent provoquer un surpoids. Néanmoins l'hypothyroïdie qui est souvent citée comme une cause d’obésité est extrêmement rare chez le chat.


Pour résumer, si votre chat est un mâle chat de gouttière de 5 ans à poils longs et castré, celui-ci à plus de risque d’être en surpoids qu’une femelle de race Abyssin ayant un an et non stérilisée. Être conscient du risque d’obésité de votre chat est important pour savoir si vous avez besoin de faire attention ou pas à son poids.

Les facteurs de risque environnementaux

Les facteurs de risques environnementaux sont ceux sur lequel vous pouvez avoir une influence directe et qui sont indépendant de votre chat.


Les croquettes

Les chats qui mangent des croquettes ont des risques plus élevés d’obésité. Ce risque est d’autant plus élevé si les chats mangent toujours les même croquettes, s’ils mangent uniquement des croquettes et si ces croquettes sont achetées en supermarché. L’explication proposée dans les études est que les croquettes sont une alimentation avec une très haute densité énergétique, ce qui veut dire que les chats n’ont besoin de ne manger qu’une petite quantité puisque les croquettes sont très caloriques. Une autre explication est que les chats harets ont normalement une alimentation à base de proies sauvages faible en glucide : les chats ne sont pas adaptés à une alimentation dont l’apport énergétique est composé majoritairement de glucide comme c’est le cas dans les croquettes aujourd’hui.
De plus, les chats ont tendance à manger moins lorsqu’ils ont une alimentation riche en eau, or les croquettes sont un aliment sec.
Les chats qui sont nourris à base de viande crue de qualité humaine, d’os charnus ou d’une alimentation faite-maison ont moins de risque d’être obèses. En effet, donner des os charnus à un chat lui permet de croquer ce qui est un comportement naturel pour le chat, ainsi que de manger plus lentement ce qui réduit l’ennui et le stress. De plus, les propriétaires qui préparent une alimentation maison sont plus intéressés à la nutrition et plus attentif à la santé et à l’état corporel de leur chat.


La nourriture à volonté

Il semble que les chats qui sont nourris à volonté ont plus de risques d’être obèses, ce qui signifie que tous les chats ne sont pas capables de réguler la quantité de nourriture qu’ils mangent.

La façon de mesurer la nourriture

Cela peut paraître surprenant mais mesurer la quantité de croquettes à l’aide d’un verre doseur peut augmenter les risques d’obésité. En effet, dans une étude où des propriétaires de chien devaient mesurer une quantité de croquettes avec un verre doseur, l’erreur de mesure allait d’une sous estimation de 52% à un surestimation de 152%.

L’intérieur et l’inactivité

Étonnamment, les chats d’intérieur n’ont pas toujours un risque plus élevé d’obésité. Plusieurs études ont conclu qu’il n’y avait pas d’augmentation de risque pour les chats d’intérieur.
Cependant, l’inactivité est associé à un risque plus élevé de surpoids.

Le stress

Comme pour les humains, un autre facteur de risque est le stress et l'anxiété qui peuvent rendre le chat incapable de contrôler la quantité de nourriture qu’il mange.

Les friandises

Une étude signale que lorsque les propriétaires donnent des friandises à leurs chats lorsqu’ils sont contents d’eux, les chats ont 3 fois de plus de risque d’être en surpoids par rapport à des propriétaires qui récompensent leurs chats avec des câlins ou des jeux.

Comme l’on peut s’y attendre ce que vous donnez à manger à votre chat peut avoir une forte influence sur son poids. C’est pourquoi fournir une alimentation équilibrée et adaptée à votre chat est très important.

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Les facteurs de risque liés à l’humain

Enfin, la dernière catégorie de facteurs de risque sont ceux directement liés au propriétaire. Etre conscient de son influence sur le poids de son chat est peut-être la chose la plus importante à retenir de cet article.

La sous-estimation par le propriétaire

La sous-estimation de l’état corporel du chat par le propriétaire est un facteur de risque majeur au même titre que la stérilisation. Dans presque toutes les études, les propriétaires sous estiment l’état corporel de leur chat. Par exemple, dans une étude, 60% des propriétaires ne sont pas capable de donner un score d’état corporel correct de leur chat.
Il y a plusieurs raisons à cela. Tout d’abord, les évaluations des propriétaires sont biaisés par l’attachement qu’ils ont avec leurs chats, ils ne peuvent pas donner un score objectif.
Deuxièmement, il semble qu’il y ai eu récemment une normalisation des chats en surpoids dans les médias, souvent décrits comme “mignon”, “câlin” ou “chubby”, ce qui peut déformer la perception de ce qu’est un chat en bonne santé.

La sensibilisation du propriétaire

Si les propriétaires sont peu sensibilisés aux problèmes de santé liés à l’obésité, leurs chats ont plus de risques d'être en surpoids. En effet, dans une étude faite aux États-Unis et en Australie, environ un tiers (32%) des propriétaires disent que leurs chats est en surpoids mais seulement 0.8% pensent que c’est un problème de santé. Si le propriétaire n’est pas conscient des risques de santé encourus par l’animal, il ne prend probablement pas d’action pour faire baisser le poids de celui-ci.
Les propriétaires qui citent la “génétique” comme cause d’obésité et qui sous-estiment leur façon de nourrir leurs chats ont aussi plus de risque d’avoir des chats en surpoids.
Enfin, les propriétaires de chats en surpoids ou obèses ont tendance à éviter ces deux mots et utilisent des euphémismes comme “l’ossature épaisse”, “un peu chubby” ou “fluffy”, ce qui montre qu’ils ont tendance à minimiser le problème.

Les malentendus sur le comportement félin

Il a été signalé que souvent lorsque le chat commence une interaction vers son propriétaire, celui-ci présume que le chat a faim même si ce n’est pas le cas et lui donne à manger. Le chat apprends donc que commencer une interaction avec l’humain est récompensé avec de la nourriture. Ce qui signifie que le propriétaire a appris au chat à quémander de la nourriture, alors que celui ci à juste envie de jouer ou qu’il s’ennuie.

L’humanisation et l'anthropomorphisme

Les propriétaires qui humanisent leurs chats ont plus de risques d’avoir des animaux en surpoids. En effet, une relation malsaine entre l’humain et le chat peut donner lieu à des comportements alimentaires inappropriés, ce qui peut provoquer le surpoids. Des exemples de comportements inappropriés sont par exemple de donner des friandises à son chat lorsqu’il quémande à manger de peur qu’il souffre ou encore de le suralimenter pour lui exprimer son amour.

Les propriétaires qui ne jouent pas avec leur chats

Les propriétaires de chats en surpoids jouent moins avec leurs chats, par rapport aux propriétaires de chats en bonne santé : cela pourrait être un facteur de risque.

Vous pouvez voir que l’obésité est un problème multifactoriel, où de nombreux paramètres peuvent augmenter ou baisser les risques de votre chat d’être en surpoids. Vous ne pouvez pas changer les facteurs de risques individuels.
Néanmoins, vous pouvez avoir une influence sur les facteurs de risques environnementaux comme par exemple la façon dont vous nourrissez votre chat.
Enfin, votre rôle en tant que propriétaire est primordial dans la prévention de l’obésité, comme la sous-estimation est un facteur de risque majeur. La bonne nouvelle est qu’être sensibilisé à cette question est déjà une étape importante vers la prévention et une amélioration.
Dans le prochain article, je présenterais mes solutions et astuces pour aider votre chat à perdre du poids s’il en a besoin.

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